Les architectes nantais d’Urbanmakers et bordelais de Selva & Maugin construisent 54 logements sociaux pour Domofrance quai de Queyries. Bâti sur l’empreinte d’une ancienne construction, l’immeuble sera entièrement revêtu de briques en terre cuite moulées à la main et de petites tuiles plates. Plus d’explications sur le projet avec l’architecte Antoine Motte, l’un des fondateurs d’Urbanmakers.

Bastide Niel : Domofrance construit 54 logements sociaux quai de QueyriesEn 2024, l’EcoQuartier Bastide Niel accueillera de nouveaux habitants. En effet, une nouvelle construction sort actuellement de terre quai de Queyries. Sur 3 875 mètres carrés et neuf étages (dont le dernier sera en duplex), ce nouveau bâtiment proposera :

  • 14 T2,
  • 25 T3,
  • 11 T4,
  • 5 T5,
  • Et un local à vélo de 143 mètres carrés.

L’accès aux logements se fera par deux entrées en miroir qui s’ouvriront sur un vestibule intérieur traversant, dont le sol sera revêtu de carreaux de ciment colorés en écho au Bordeaux historique.

Une architecture innovante

« Les particularités de ce chantier sont nombreuses, commence Antoine Motte. D’ordinaire, les architectes investissent un site, et dessinent des immeubles d’habitations à partir d’un nombre imposé de logements. Ce qui donne parfois des constructions compactes et imposantes. Or, à Bastide Niel, les préconisations imposées par l’architecte urbaniste de la ZAC Bastide Niel Winy Maas consistent à investir une forme. En plus de disposer d’un espace extérieur, tous les logements doivent être doublement voire triplement orientés afin d’être aérés, et de bénéficier de la lumière du soleil chaque jour. S’adapter à cette volumétrie pour aborder des enjeux sociaux, environnementaux et architecturaux, relève pour ainsi dire du cas d’école, mais offre au final des logements confortables et innovants », poursuit l’architecte.

Pour cause, les plus petites loggias seront au minimum de huit mètres carrés pour les T2, de 10 mètres carrés pour les T5 et de 12 mètres carrés pour les T4 en duplex. Aménagées dans la continuité de la pièce de vie et disposant toutes de rangements intégrés, leurs plafonds seront revêtus de bois et les murs de briquettes. Quant aux terrasses de toit, les tropéziennes, elles seront toutes habillées de bois.

Le BIM au service de logements extraordinaires

« Afin d’exploiter au maximum la volumétrie singulière du bâtiment, et tout particulièrement les combles sous les toitures qui abriteront des logements en duplex, nous avons utilisé la technologie du BIM avec laquelle nous sommes très à l’aise », relate Antoine Motte.

« En effet, cet outil numérique nous a d’une part, permis de nous approprier la forme, d’y trouver ses centres de gravité pour y installer les points de circulation, et d’autre part, de modéliser la multitude des faces en amont du projet. En alliant cette technique à notre créativité, nous avons pu réaliser des logements uniques, tous différents les uns des autres, où la majorité des rampants est exploitée, et qui disposent dans les étages supérieurs des meilleurs points de vue sur Bordeaux. Par ailleurs, nous souhaitions que les détails techniques du bâtiment soient invisibles, en utilisant par exemple des VMC inversées, ce qui a été rendu possible grâce au BIM. Enfin, nous avons pu étudier très finement en 3D le chemin de l’eau de pluie qui sur une toiture de cette ampleur ne laisse guère de place au hasard ».

Le choix de matériaux traditionnels

Et pour cause, « cet aspect du projet n’a pas été simple », se souvient l’architecte. « Bien que la structure soit en béton — une nécessité pour soutenir un tel volume — et la charpente en bois, nous voulions une matérialité en terre cuite, briques pour les façades, et tuiles pour le toit, et dont les teintes soient très proches entre elles, mais aussi, en rappel, des constructions historiques de Bordeaux », se souvient l’architecte. « Et, dans la mesure où nous souhaitions qu’elles soient de petites tailles, afin d’offrir une vibration de matière, nous avons longuement cherché des entreprises capables de mettre en œuvre un savoir-faire traditionnel dans des proportions inhabituelles, et en mesure d’y intégrer des panneaux photovoltaïques », explique-t-il.

Un espace vert

La construction, toute proche de la Garonne, sera perchée sur un vide sanitaire afin d’être transparente à l’eau en cas d’inondations et une bande linéaire de jardins courra tout le long d’un côté du bâtiment. Longue de 64 mètres et large de cinq mètres environ, cette grande noue garnie de plantes aquatiques récupérera ponctuellement les eaux de pluie qui seront ensuite régulées sur le réseau.

Un défi urbain

Le bailleur social Domofrance qui avec Aquitanis et Bordeaux Métropole Aménagement constituent la SAS Bastide Niel construit actuellement plus d’une centaine de logements sur la ZAC.

« Sensible depuis sa création à l’idée d’offrir un logement décent aux plus modestes, notre agence a déjà à son actif de nombreuses constructions sociales. Certes, nous implanter sur Bordeaux et travailler pour Domofrance qui est un acteur majeur du logement social en Nouvelle-Aquitaine et dont les engagements durables et innovants sont ambitieux nous a beaucoup motivés à répondre à l’appel d’offres sur cet îlot. Mais ce n’est pas la seule raison.

En effet, l’urbanisme de Bastide Niel qui, en sculptant les îlots, offre le soleil à chaque logement tout en y intégrant certaines formes de la ville traditionnelle comme les rues étroites et les matériaux est tout à fait innovant. De plus, et contrairement à ce qui se fait communément dans la construction de logements collectifs, grâce à cette architecture en biseau, la hauteur des bâtiments n’est ni décelable ni écrasante depuis le sol. Ainsi, côté Queyries, l’immeuble offrira aux yeux des passant.e.s, la matérialité et la sobriété de la ville historique », conclut Antoine Motte.

Une architecture à échelle humaine

Les architectes Selva & Maugin ont co-conçu avec Urbanmakers les 54 logements sociaux commandés par Domofrance quai de Queyries. Bien que complémentaires à leurs homologues nantais, les Bordelais ont été particulièrement attentifs aux détails comme nous l’explique Louis Maugin, architecte et co-fondateur Selva & Maugin.

Bastide Niel : Domofrance construit 54 logements sociaux quai de Queyries« Œuvrer sur le projet urbain de la ZAC Bastide Niel et pour Domofrance qui expérimentent les volumes afin d’offrir une meilleure qualité de vie à ses habitants était pour les Bordelais que nous sommes, d’un grand intérêt.

Le fait qu’il n’y ait pas d’îlots constitués et que chaque bâtiment soit indépendant et entouré d’espaces publics marque d’une part, l’originalité du projet. D’autre part, la silhouette du bâtiment et sa position au sein de la ZAC nous ont fortement encouragés à répondre à cet appel d’offres.

La ville sur la ville

En effet, nous ne voulions pas construire n’importe où, mais bien participer à un renouvellement de la ville sur elle-même. Aussi, ce projet sur lequel nous nous sommes engagés prend l’exacte place d’une ancienne construction, comme beaucoup d’autres bâtiments sur la ZAC. Ainsi, au moyen d’une légère surélévation par rapport au terrain existant, le nouveau bâtiment sera “transparent” à l’eau, c’est-à-dire qu’il permettra l’évacuation de l’eau en cas de crue exceptionnelle du fleuve, intégrant ainsi les dispositions de la ZAC permettant une meilleure “habitabilité” proche du fleuve.

Nous avons évidemment la même vision et les mêmes centres d’intérêt avec Urbanmakers sur ce projet. Alors que ces derniers sont des experts du BIM, notre approche s’est davantage focalisée sur les détails et la matérialité du projet dont l’enveloppe du bâtiment.

De la taille d’une main

Comme indiqué par Antoine Motte, les matériaux qui l’habillent sont en terre cuite : briques pour les façades et tuiles pour le toit. En plus de leurs appareillages et dispositions auxquels nous avons été attentifs, toutes leurs particularités résident dans leurs dimensions. En effet, nous tenions à ce qu’elles soient proches de la taille d’une main afin d’offrir à l’immeuble, un aspect sensible et à taille humaine malgré ses volumes insolites. Et le fait que les briques soient moulées à la main renforce cette ambition.

La vision de la construction depuis l’espace public nous tenait également à cœur. Alors qu’on apercevra sa hauteur de loin, il régnera à sa base, une ambiance intime et aérée. En effet, grâce à sa volumétrie en biseau, les étages supérieurs ne seront pas ou peu visibles depuis les voies publiques qui l’entoureront.

Travailler sur un volume donné fut un exercice singulier et une première pour nous. C’est pourquoi, nous sommes très présents sur le chantier dont nous assurons le suivi chaque semaine et plus si nécessaire.


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