Bordeaux rive droite : le futur réseau de chaleur durable desservira 28 000 logementsTrois questions à Christophe Raymond, directeur de la société Plaine de Garonne Énergies, filiale d’Engie en charge du futur réseau de chaleur urbain sur la rive droite de Bordeaux (Brazza, Bastide Niel, Garonne-Eiffel & la ZAC des quais).

1— Il y a déjà plusieurs réseaux de chaleur urbains alimentés par la géothermie dans la métropole bordelaise (voir encadré), pour quelles raisons celui qui sera installé sur la rive droite de Bordeaux sera différent ?

« Le futur réseau de chaleur alimenté par la géothermie qui desservira Brazza, les ZAC Bastide Niel, Garonne-Eiffel & des Quais, est unique dans la mesure où c’est la première fois en Nouvelle Aquitaine que nous allons chercher de l’eau à 1700 mètres (période géologique du Jurassique) sous terre. À cette profondeur, l’eau est à 70 °C. Pour l’instant, nous ne savons pas si la quantité d’eau sera suffisante pour alimenter toute la zone, c’est pourquoi nous allons démarrer un forage géothermique exploratoire au printemps 2019 qui devrait s’achever fin 2019 à condition que tous les acteurs du projet & les services de proximité s’unissent dans cette vertueuse aventure durable & écologique. Le puits d’aspiration se trouvera rue du Commandant Cousteau & le puits de réinjection sera situé rue Charles Chaigneau à Brazza. Le but étant de faire passer cette eau au travers d’échangeurs pour capter les calories (la chaleur) via une centrale de production qui jouxtera le puits d’aspiration. »

2— Et que se passera-t-il si vous ne trouvez pas suffisamment d’eau à -1700 mètres ?

« Si nous ne trouvons pas d’eau à -1700 mètres, nous nous replierons à -900 mètres (période géologique du Crétacé) où nous sommes certains de trouver de l’eau à environ 50 °C en quantité nécessaire comme c’est déjà le cas dans le quartier Mériadeck à Bordeaux ou encore le quartier Saige à Pessac et la base aérienne 106 à Mérignac qui sont déjà alimentés par la géothermie. Néanmoins, si nous découvrons que la nappe jurassique est suffisamment dense, les coûts de raccordement demandés aux abonnés seront inférieurs à ceux induits par une eau moins chaude, c’est là tout l’objectif de cette exploration. Un tarif ultra-compétitif sur la facture ! Même si l’énergie trouvée à -900 mètres permettra de toute manière à l’usager de maitriser sa facture, car le principe de ce réseau de chaleur et de garantir la stabilité du coût de l’abonnement pour les 30 prochaines années… En effet, le prix de cette énergie renouvelable sera indépendant de l’évolution du prix des énergies fossiles. Sans oublier non plus que la TVA s’élèvera seulement à 5,5 % sur le coût énergétique global. »

3— Qui sera raccordé à ce réseau de chaleur ? Qui pourra l’être ?

« Ce réseau de chaleur est destiné à alimenter des ensembles neufs tertiaires, ou résidentiels de ces quartiers en devenir, ainsi que le chauffage collectif de certains bâtiments de logements existants dans le quartier de la Benauge notamment. Alimenter des logements individuels est techniquement impossible. Pour eux, il faudrait recréer entièrement leur système de chauffage existant. Pour desservir chaque logement, il faudrait réaliser un second réseau impliquant des travaux pharaoniques & y installer à chaque fois, des sous-stations qui transformeront la puissance de l’eau qui circule entre 30 & 50 kilowatts vers une puissance supportée par un réseau individuel, c’est à dire comprise entre 5 & 20 kilowatts. Et contrairement aux aménagements du réseau de chaleur Plaine de Garonne Energies qui sont supportés par des fonds publics & Engie, tous les aménagements individuels sont à la charge du particulier… Néanmoins, j’insiste sur le fait que cette énergie locale et renouvelable permettra d’économiser 19 000 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des émissions de 12 000 véhicules sur la métropole. Ce qui profitera à l’ensemble de la population…

Réseau de chaleur Plaine de Garonne Énergies : pourquoi ? Comment ? Quand ?

Bordeaux rive droite : le futur réseau de chaleur durable desservira 28 000 logementsIl y a actuellement neuf réseaux de chaleur à Bordeaux Métropole tous alimentés par une énergie renouvelable (bois-énergie, géothermie, chaleur récupérée sur l’incinération des déchets, etc.). Après le quartier Mériadeck à Bordeaux, le réseau de Lormont Hauts de Garonne ou encore le quartier Saige à Pessac et la base aérienne 106 à Mérignac, quatre projets urbains en cours de construction sur la rive droite de Bordeaux (Brazza, Bastide Niel, Garonne-Eiffel & la ZAC des quais) auront eux aussi dès 2019 un réseau de chaleur écologique prévu dans le cadre d’une délégation de service public de 30 ans. Son Nom ? Plaine de Garonne Énergies. L’objectif ? 80 % des besoins énergétiques seront couverts par la géothermie. Le gaz naturel au biométhane qui est également une énergie renouvelable viendra en appoint lors des pics hivernaux.

1. La chaufferie : la chaleur sera produite dans des installations technologiques puissantes qui fonctionneront 24 heures sur 24 de manière industrielle.

2. Le réseau : l’eau chaude sera acheminée vers les usagers abonnés par un réseau souterrain de canalisations isolées (voir le tracé du réseau ici). Après avoir échangé sa chaleur, l’eau retourne vers l’installation de production de chaleur pour être à nouveau chauffée :

  • Le réseau primaire transporte la chaleur de la centrale de production jusqu’aux postes de livraison des bâtiments ;
  • Le réseau secondaire interne aux bâtiments permettra de distribuer le chauffage & l’eau chaude sanitaire dans chaque logement.

3. Les sous-stations : silencieux & sécurisés, les points de livraison seront situés aux pieds des bâtiments & auront pour fonction de :

  • Transformer la chaleur du réseau primaire en chaleur domestique & en eau chaude sanitaire celui du réseau secondaire ;
  • Adapter la fourniture d’énergie (quantité & température) aux besoins des utilisateurs ;
  • Enregistrer par comptage les consommations d’énergie qui seront consultables sur PC, smartphone & tablette.

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Réseau de chaleur Plaine de Garonne Energies : Qui paye quoi ?

La réalisation du réseau de chaleur Plaine de Garonne Énergies est financièrement prise en charge par Engie à hauteur de 43 millions d’euros dont le tiers est subventionné par le Fonds européen de développement régional (Feder), l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) & la Région Nouvelle Aquitaine. Dans ce projet, Bordeaux Métropole a le rôle de déléguant dans le cadre d’une délégation de Service public.

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Réseau de chaleur Plaine de Garonne Energies : quelles conditions tarifaires de raccordement ?

Le tarif de la chaleur pour l’usager dépendra de la phase du projet & des conditions de réalisation & d’exploitation. Le tarif sera composé (voir tableau ci-dessous) :

  • D’un élément R1, c’est-à-dire que le consommateur réglera sa consommation personnelle.
  • D’un élément R2, soit un abonnement fixe.

Dans les deux cas, les frais de maintenance & le renouvellement des équipements sont compris.

Le prix dépendra du profil de chaque bâtiment raccordé. Deux valeurs sont donc indiquées valant pour des ratios de fonctionnement à pleine puissance de 1000 heures & 2000 heures.

Les tarifs présentés sont basés sur un montant de 240 euros HT/kW de puissance souscrite sur le réseau de chaleur pour les bâtiments neufs, notamment pour les projets urbains Brazza, Bastide Niel & Garonne-Eiffel. À titre d’exemple :

  • 100 kW de puissance souscrite : 24 000 euros HT ;
  • 300 kW de puissance souscrite : 72 000 euros HT.
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La valeur des tarifs date de mai 2016.

En clair, le tarif moyen du mégawatt sera en moyenne de 60 euros TTC là où le gaz qui est généralement utilisé dans des structures collectives est à 75 euros TTC.

Sans oublier que le prix des énergies renouvelables est indépendant de l’évolution du prix des énergies fossiles qui sont assujetties à la Taxe intérieure de consommation pour le gaz (TICGN), à la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques ou encore à la TVA qui est à l’heure actuelle à 20 % contre 5 % pour les énergies renouvelables. Enfin, les nouvelles taxes énergétiques envisagées par le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot laisse entrevoir de nouvelles augmentations des tarifs des énergies fossiles.

Pour info, le coût moyen d’un mégawatt issu de l’énergie nucléaire pour un consommateur domestique en France est compris entre 130 et 150 euros TTC. Ce coût moyen incorpore la Contribution au service public de l’électricité (CSPE), la Taxe sur la consommation finale d’électricité (TCFE), le coût d’acheminement et la TVA de 20 % sur l’électricité.

Pour plus de renseignements, vous pouvez :