À Bordeaux, dans l’écoprojet Bastide Niel, l’agence MFR Architectes conçoit Eva, un ensemble résidentiel de 214 logements en accession libre et de 410 places de stationnement pour le promoteur Sopic dont la livraison est prévue en 2028. Plus d’explications avec les architectes François Malburet, Ines Costa, Khadija Benyahya.
Eva : Une silhouette sculptée dans le ciel bordelais
Avec ses sept bâtiments organisés autour de deux ensembles principaux répartis sur 13 862 m² de surface de plancher, le projet Eva situé entre les rues Jeanne Barret, Emilie du Châtelet et Françoise-Hélène Jourda, constitue l’un des programmes les plus importants de l’écoprojet Bastide Niel à Bordeaux.
En cœur d’îlot, deux ensembles principaux reposent sur un socle filant atteignant le R+5, sur lequel émergent sept plots indépendants de huit étages chacun. Selon François Malburet, « le jeu de volumes — socle filant, plots en émergence — permet d’esquisser une skyline lisible tout en instaurant un rapport plus humain à la rue ».
En complément des 214 logements, 410 places de stationnement seront réalisées, réparties dans les socles des bâtiments résidentiels, sur un à trois niveaux selon les plots.
Ces stationnements ne sont pas exclusivement réservés aux habitants de la résidence, puisqu’une partie d’entre eux répond aux besoins de la ville.
Eva : Une structure mixte pour habiter la pente
Pour répondre aux exigences du plan-guide — notamment celles portant sur les pentes de toiture et les limites de gabarit — l’agence a imaginé un projet structuré autour d’un corps central en béton, « pris en sandwich par deux exosquelettes », explique François Malburet.
En effet, la structure principale repose sur un système poteau-poutre en béton, complété par des remplissages en panneaux béton.
Les balcons sont quant à eux conçus comme des structures légères en bois rapportées sur cette base. Ainsi, le bois compose l’exosquelette extérieur visible côté rue, tandis que la structure arrière, en béton, répond aux contraintes de sécurité liées à l’évacuation incendie.
Ce jeu de superposition permet ainsi de dessiner des terrasses généreuses et très profondes de 2,50 mètres, qui prolongent chaque logement vers l’extérieur.
Eva : Des logements traversants et ouverts sur le paysage
Le programme comprend 214 logements en accession libre, répartis de la manière suivante :
- 36 T1
- 86 T2
- 37 T3
- 39 T4 (dont certains en duplex)
- 16 T5 (dont certains en duplex)
Chaque logement bénéficie d’au moins un espace extérieur de 10 m² minimum. Par ailleurs, certains logements disposent de plusieurs terrasses, car l’ensemble est conçu pour garantir une qualité d’usage quotidienne : « traversante ou en double orientation : lumière naturelle abondante et ventilation naturelle sont au cœur de la conception », précise François Malburet.
« Même les T1 sont traversants. C’était l’un des points majeurs du projet », poursuit Khadija Benyahya, chargée de projet chez MFR.
Eva : Des balcons végétalisés et des jardins en pleine terre
« L’idée, c’est que le végétal soit un fil conducteur du projet, depuis l’espace public jusqu’aux logements », commente Inês Costa, directrice de projet.
Ainsi, outre la générosité des espaces privatifs, l’agence a porté une attention particulière à l’intégration du végétal.
En premier lieu, chaque balcon est équipé de jardinières intégrées, parfois maçonnées.
Ensuite, des bacs potagers partagés sont répartis au rez-de-chaussée dans les cours paysagées, ainsi que sur certaines coursives communes.
Ces jardins sont aménagés en pleine terre, rendus possibles grâce à l’intégration des parkings dans les socles des bâtiments plutôt qu’en sous-sol.
Le paysagiste Jardin Perché assure la conception et le suivi de ces aménagements, pensés comme des grands îlots de fraîcheur accessibles.
Un bâtiment dédié aux commerces et bureaux
En proue de l’îlot, le projet accueille un volume distinct dédié aux commerces et aux bureaux. Il regroupe une surface commerciale en rez-de-chaussée et deux niveaux de bureaux au-dessus. Ce bâtiment s’inscrit dans le gabarit général tout en assumant une écriture propre, avec notamment une charpente ajourée en toiture, conçue pour masquer les équipements techniques.
« Ce volume agit comme une transition avec la ville active, tout en reprenant certains codes du projet résidentiel, comme la pente à 45° », remarque François Malburet.
Par ailleurs, une terrasse accessible, aménagée dans un retrait entre deux volumes, est pensée comme un espace extérieur partagé pour les usagers du tertiaire.
« C’est un jardin de seuil, une forme de politesse vis-à-vis du voisinage et une respiration pour les futurs usagers », ajoute l’architecte.
Des engagements environnementaux concrets
L’ensemble du projet Eva s’inscrit dans les ambitions de la ZAC Bastide Niel en matière de performance environnementale. Ainsi, les logements sont conçus en conformité avec les exigences du label Frugal Bordelais, raccordés au réseau de chaleur géothermique et en toiture, des panneaux photovoltaïques seront installés sur les versants les plus favorables à la production.
« Nous avons estimé la puissance à 81 kWc, ce qui permettra de couvrir une partie des besoins énergétiques du bâtiment », indique François Malburet.
Une coopération fluide avec la SAS Bastide Niel
La conception d’Eva a donné lieu à un dialogue constant entre les architectes, la maîtrise d’ouvrage (Sopic) et la SAS Bastide Niel. Des ateliers de travail ont permis d’ajuster les partis architecturaux tout en respectant les intentions du plan-guide.
« La confiance s’est instaurée très vite. Il y avait une vraie ambition sur ce site, et nous avons pu avancer avec sérénité », souligne François Malburet. « Il a fallu faire preuve d’astuce, mais nous avons toujours trouvé des solutions. »
« Habiter plus, mieux, au-delà »
Porté par la réflexion de MFR autour du logement augmenté, le projet Eva explore trois dimensions complémentaires :
— Habiter plus : de vastes halls, des locaux vélos accessibles et ventilés, des ateliers de réparation modulables…
— Habiter mieux : logements traversants ou doublement orientés, séjours cathédrales, balcons spacieux, celliers, chambres alcôves, cuisines éclairées naturellement…
— Habiter au-delà de chez soi : terrasses partagées, vues ouvertes, lien avec les espaces publics et le paysage urbain.
« Le patrimoine du logement ne se limite pas au seuil de son appartement», souligne François Malburet. « Il inclut aussi les paliers, les halls, les espaces partagés, la qualité de la lumière, le paysage. »