Vendredi 16 mai, dans le cadre des 48h de l’agriculture urbaine, le projet EVA a organisé dans les locaux de l’ESSCA Bordeaux à Bastide Niel, un premier déjeuner-débat sur le thème : « Peut-on encore manger sain et local pour moins de 3€ ? ». En collaboration avec Natura Impact, SOPIC, BMA, L’ESSCA, Agro campus Bordeaux, le centre d’animation Bastide Queyries, Jardin perché et la ville de Bordeaux, ce moment d’échanges s’est déroulé autour d’une question concrète : comment rendre accessible une alimentation équilibrée et de qualité, en tenant compte des contraintes de chacun ?

Un format original pour un enjeu collectif

À l’origine de ce temps fort, Yohan Hubert, fondateur de Natura Impact et initiateur du projet EVA, a souhaité proposer un format à la fois convivial et stimulant. Ce déjeuner-débat s’est articulé autour d’un « jeu de rôle » où chacun était invité à adopter un point de vue différent du sien pour alimenter le débat.

Objectif : ouvrir la discussion, faire émerger des pistes concrètes, et mieux comprendre les leviers possibles à activer. « Ce n’est pas une conférence, ni une animation, mais un moment de partage », précisait-il en introduction. « Ce que nous voulons, c’est repenser collectivement nos habitudes, nos contraintes, nos choix. »

Dans cette dynamique, le chef cuisinier Jean-Christophe Martinez a relevé un défi culinaire en direct : composer un repas complet, local, gourmand et équilibré, pour moins de 3 euros par assiette. Une démonstration concrète de ce que l’on peut imaginer lorsque l’on repense nos manières de cuisiner et de consommer.

Un moment pour tester, apprendre et ajuster

En clôture, Yohan Hubert a remercié l’ensemble des participants pour leur engagement, tout en rappelant la dimension expérimentale de ce premier rendez-vous :

« Ce déjeuner convivial fut aussi pour nous un moyen de mesurer l’appétit collectif pour ces sujets, et de sentir l’élan, les questions et parfois les tensions, autour d’un thème aussi simple et complexe que l’alimentation. »

À travers cette initiative, EVA entend poursuivre la réflexion sur l’accessibilité alimentaire, et intégrer ces apprentissages dans la programmation de ses futurs lieux de vie à Bastide Niel et ailleurs.

Une vision de l’alimentation par EVA

Porté par Yohan Hubert, fondateur de Natura Impact, le projet EVA explore une approche systémique de l’alimentation, fondée sur l’idée de réconcilier santé, écologie et accessibilité. Voici quelques-unes des idées partagées lors du débat :

Consommer local = plus durable ?

Le local peut contribuer à la durabilité (réduction des transports, soutien à l’économie locale), mais il ne peut à lui seul répondre à l’ensemble des besoins. Une approche hybride, mêlant circuits courts, agriculture durable et complémentarité des échelles territoriales, semble plus réaliste.

Moins de viande = planète sauvée ?

Réduire la consommation de viande, surtout industrielle, a un impact climatique favorable. Toutefois, une transition progressive et contextualisée, valorisant les élevages durables et la diversité des protéines, paraît plus adaptée qu’un modèle unique.

Les ultra-transformés sont-ils indispensables ?

Ils répondent à des besoins logistiques et économiques, mais posent des problèmes de santé publique. Leur place dans notre alimentation mérite d’être reconsidérée au profit d’aliments plus simples et diversifiés.

Le bio est-il réservé aux privilégiés ?

Le bio reste plus coûteux, mais il représente une solution environnementale crédible. Son accessibilité dépendra de politiques publiques fortes et d’un changement global de modèle.

« La vraie question n’est pas de savoir s’il faut manger bio ou local, mais comment rendre une alimentation de qualité accessible au plus grand nombre dans un monde instable », conclut Yohan Hubert.

Participants du déjeuner-débat EVA :

Le déjeuner-débat organisé par EVA le 16 mai dernier à l’ESSCA Bordeaux a rassemblé une diversité d’acteurs issus de différents horizons:

  • Représentants des étudiants des campus ESSCA et Agro Campus
  • Habitants du quartier Bastide Niel : jeunes couples, familles et seniors du centre d’animation Bastide Queyries
  • Florian Baril, président de SOPIC Aquitaine
  • Charles Bassi, directeur du campus ESSCA Bordeaux
  • Vincent Chabas, directeur du CROUS Bordeaux-Aquitaine
  • Étienne Dupuy, investisseur, ancien CEO de Ceetrus et Nhood
  • Guillaume Ferry, agriculteur entrepreneur
  • Jowita Gouget, directrice d’ENVOL 33
  • Thomas Hardouin, directeur du développement SOPIC Aquitaine
  • Solène Hazard, enseignante en sciences et techniques alimentaires, Bordeaux Sciences Agro
  • Yohan Hubert, fondateur d’EVA et de Natura Impact
  • Nicolas Martin, directeur de l’aménagement, Bordeaux Métropole Aménagement (BMA)
  • Sophie Perreau, chargée d’études et de communication, Bordeaux Métropole Aménagement
  • Nicolas Rousset, directeur du centre d’animation Bastide Queyries
  • Patrick Sauvant, enseignant-chercheur en nutrition et sciences des aliments, Bordeaux Sciences Agro